À la mi-mars 2024, nous ne pouvons qu'établir que :

• le prix de revient global de la culture de la pomme de terre a atteint des niveaux inconnus : semis de pommes de terre, engrais, équipement, combustible, main-d'œuvre, augmentation permanente de l'administration et de la bureaucratie,...
• la motivation à cultiver des pommes de terre a considérablement diminué sous la pression de risques plus élevés (climat, maladies, conservation, manque d'engrais, utilisation/non-utilisation de pesticides, prix payés par l'industrie) et des offres plus attrayantes pour des cultures alternatives présentant des coûts/risques bien inférieurs, telles que le maïs, le blé et l'orge ou même des cultures dites énergétiques alternatives, font douter les agriculteurs et les incitent à étudier. Si les industries du commerce et de la transformation n'offrent pas de prix plus élevés aux agriculteurs, ils manqueront de matières premières pour maintenir leurs usines opérationnelles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 tout au long de l'année.
• le prix de revient de la transformation de la pomme de terre continue de flotter à des niveaux élevés, malgré la baisse des prix de l'énergie (gaz et électricité) aux niveaux d'avant la COVID ;
• le « pacte vert » européen impose de nouvelles mesures pour réduire les déchets et récupérer les matériaux, ce qui n'est pas possible sans un investissement en capital massif ;
• la production totale de la campagne de pommes de terre 2023/2024 dans le NEPG était légèrement supérieure à la moyenne des 5 dernières années, mais ne suit pas le rythme de croissance de la capacité de transformation des industries ;
• quelque 11 000 hectares de pommes de terre ont été perdus de façon irréversible en raison de la combinaison d'un temps très pluvieux en septembre et octobre et de gelées en novembre et décembre. Cela signifie une perte estimée à environ 650 000 tonnes de pommes de terre fraîches (sur un total de 5 200 000 tonnes) ;
• la conservation des tubercules dans les poulaillers varie de médiocre à moyenne. De nombreux agriculteurs ont dû vider leurs étables car la pourriture humide, le phytophthora et d'autres maladies ont dans le meilleur des cas réduit leurs produits destinés à l'alimentation des bovins et des porcs. Des centaines, voire des milliers de tonnes ont été mises à la ferraille.
• les mois de janvier et février 2024 ayant été très humides, les agriculteurs ne seront pas en mesure de préparer les champs en mars, ce qui signifie que nous pouvons déjà avancer que la nouvelle saison 2024/25 débutera plus tard que d'habitude. La plupart des variétés ont besoin de 100 à 110 jours de croissance normale pour atteindre la maturité et offrent le meilleur rendement par hectare. Si l'on ajoute à cela la piètre conservation des tubercules dans les magasins, cela signifie qu'en réalité, il y aura un écart sans pommes de terre fraîches de bonne qualité avant l'introduction des pommes de terre de nouvelle saison. La question de savoir quand exactement et pour combien de temps reste ouverte pour le moment, mais les marchés au comptant et les marchés futurs anticipent violemment et des problèmes sur l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement ne sont pas exclus.
• pour la nouvelle campagne, le volume de pommes de terre de semence disponible sera inférieur d'environ 10 000 tonnes à celui des années précédentes. Cela est dû à la fois à de mauvaises conditions météorologiques et à la démotivation des agriculteurs. Cela signifie que le matériel de semis disponible sera traité différemment, avec un risque accru de défaillances, d'infections et de maladies de la plante, ce qui peut entraîner une baisse de la production en été.
• le marché au comptant et le marché à terme ont battu des records historiques, ce qui laisse penser que le reste de 2024 et la majeure partie de 2025 continueront d'être très chers...